Les aliments peuvent chez certaines personnes être reconnus par l’organisme comme une substance étrangère, contre laquelle l’organisme peut développer une réaction immunitaire. La prévalence de l’allergie alimentaire est estimée à environ 1 % de la population, mais chez les enfants, elle atteint 3% de la population pédiatrique. Les antécédents familiaux d’allergie alimentaire et la diversification alimentaire très précoce constituent des facteurs de risque pour le développement des allergies alimentaires alors que l’allaitement maternel constitue un facteur protecteur.
Les manifestations cliniques sont variables d’un patient à un autres : Gonflement des lèvres, de la langue, du visage et/ou de la gorge, (angio-œdème), urticaire, éruptions, démangeaisons, eczéma, diarrhée, vomissements, douleurs abdominales, rhinite, difficultés respiratoires, état de choc avec risque de mort subite.
Urticaire par allergie alimentaire aux graines de tournesol.
Urticaire chez une fille de 7 ans, présentant une polyallergie alimentaire.
Dermatite péri-buccale et chéilites, chez une patiente de 12 ans dont l’exploration était en faveur d’une allergie au lait.
CENTRE TUNISIEN D'EXPLORATION DES MALADIES ALLERGIQUES
Quels aliments constituent les principales causes d’allergie alimentaire ?
Tout aliment ingéré peut être allergisant. Mais les aliments les plus allergisants sont :
Le lait de vache et l’œuf de poule chez le nourrisson
Le lait de vache, et l’œuf de poule et la cacahuète chez les enfants
En revanche chez l’adulte tunisien, ce sont les fruits de mer, la pêche et les cacahuètes qui sont les plus incriminés.
Comment porter le diagnostic de l’allergie alimentaire ?
Le diagnostic de l’allergie alimentaire est relativement difficile. Orienté par l’interrogatoire, il doit être confirmé par des examens complémentaires :
Les prick tests cutanés:
Ils seront réalisés avec les aliments natifs. Leurs valeurs prédictives positives et négatives sont très bonnes.
Prick tests en natifs positifs à la farine de blé chez une patiente de 3 ans, suivie pour diarrhée chronique.
Colonoscopie: inflammation non spécifique.
Régression de la diarrhée sous régime d’exclusion de la farine.
Prick tests en natifs positifs au blanc et au jaune d’œuf chez un nourrisson présentant des lésions de dermatite atopique rebelle aux traitements symptomatiques.
Tests cutanés positifs à la viande de veau et de mouton crues mais négatifs à la viande cuite.
Patient de 34 ans, sans ATCD, ayant présenté un choc anaphylactique inaugural traité par adrénaline.Ses tests cutanés au miel sont positifs.
Dans les cas où les réactions cliniques sont tardives, des patch tests alimentaires en natifs doivent être réalisés.
Les régimes d’exclusion et de réintroduction : les aliments suspects seront éliminés de l’alimentation pendant deux semaines. Ceci devrait s’accompagner de la disparition des manifestations cliniques.
La reprise de l’aliment suspect s’accompagne de la réapparition des lésions. En cas de manifestations sévères, la réintroduction ne pourra se faire qu’en milieu spécialisé sous surveillance médicale stricte.
Le test de provocation labiale : Consiste à déposer près de la commissure labiale externe une goutte de l’allergène. L’apparition d’une rougeur autour de la bouche, ou au niveau de la joue permet de retenir formellement le diagnostic sans passer par un test de provocation par voie orale.
Test de provocation labiale positif au lait : Apparition près de 10 mn après l’application de 5 gouttes de lait d’un érythème péribuccal.
Le test de provocation par voie orale :
Dans ce test, le patient va ingérer en milieu spécialisé et sous surveillance médicale stricte, l’aliment suspect selon un protocole standardisé et variable d’un aliment à un autre. L’apparition de manifestations allergiques permet la confirmation du diagnostic.
Le test RAST (radioallergosorbent): Il s’agit d’un prélèvement sanguin à la recherche d’anticorps spécifiques. Ces tests sanguins sont beaucoup moins sensibles que les tests cutanés et les tests de provocation.
L’évolution des allergies alimentaires: Les allergies alimentaires sont généralement définitives, sauf pour les allergies aux protéines de lait de vache et à l’œuf de poule qui disparaissent entre 18 mois et 2 ans.
Comment prendre en charge une allergie alimentaire ?
Le meilleur traitement de l’allergie alimentaire est préventif, reposant sur l’éviction totale de l’aliment incriminé. Il faut se méfier des allergènes masqués dans d’autres aliments, d’où l’importance de ne pas ingérer des aliments dont la composition n’est pas connue, et d’apprendre à lire les étiquettes des produits fabriqués par l’industrie alimentaire.
Une désensibilisation au lait de vache ou à l’œuf de poule peut être tentée en milieu spécialisé chez des enfants ayant une allergie persistante à l’un de ces aliments et ceci au-delà de l’âge habituel de guérison. Le port d’une carte d’allergique mentionnant le type d’allergie, et d’une trousse d’urgence comportant de l’adrénaline, permet d’éviter l’évolution fatale en cas de survenue d’un choc anaphylactique.